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Etienne Klein - LE MYSTÈRE DES MATHÉMATIQUES
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Dans un passage des célèbres Essais, Montaigne relate cette anecdote : « Récemment, j'ai croisé l'un des hommes les plus savants de France, jouissant d'une position enviable, en train d'étudier dans un coin de salle tapissée, tandis que ses valets faisaient un vacarme licencieux autour de lui. Il m'a confié qu'il tirait profit de ce tumulte, comme s'il se repliait sur lui-même pour mieux se concentrer malgré le bruit, comme si cette tempête de voix renforçait son introspection. »
En 1967, le fils cadet d'Einstein, Hans-Albert, partageait un souvenir maternel à la BBC : « Ma mère me racontait que les cris de bébé les plus stridents ne dérangeaient pas vraiment ton père. Il continuait à travailler comme si les bruits l'avaient rendu sourd. »
Cette capacité à se détacher de l'agitation, même la plus bruyante, à maintenir le cap de sa pensée, semble être le prix à payer pour s'adonner à la création : penser, c'est être réfléchi ; être distrait, c'est choisir de ne pas se laisser distraire. Mais quelle relation, quel lien la pratique de la réflexion la plus abstraite entretient-elle avec le monde tangible, souvent banal, violent ou décevant ? Est-ce une forme d'évasion vis-à-vis de la réalité, des événements sociaux ? Ou bien permet-elle au contraire de mieux appréhender cette réalité ? Ou peut-être, en fin de compte, offre-t-elle une certaine consolation existentielle ?
En 1967, le fils cadet d'Einstein, Hans-Albert, partageait un souvenir maternel à la BBC : « Ma mère me racontait que les cris de bébé les plus stridents ne dérangeaient pas vraiment ton père. Il continuait à travailler comme si les bruits l'avaient rendu sourd. »
Cette capacité à se détacher de l'agitation, même la plus bruyante, à maintenir le cap de sa pensée, semble être le prix à payer pour s'adonner à la création : penser, c'est être réfléchi ; être distrait, c'est choisir de ne pas se laisser distraire. Mais quelle relation, quel lien la pratique de la réflexion la plus abstraite entretient-elle avec le monde tangible, souvent banal, violent ou décevant ? Est-ce une forme d'évasion vis-à-vis de la réalité, des événements sociaux ? Ou bien permet-elle au contraire de mieux appréhender cette réalité ? Ou peut-être, en fin de compte, offre-t-elle une certaine consolation existentielle ?
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