Insécurité : a-t-on raison d'avoir peur ?

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Bienvenue dans ce troisième numéro du Tour de la Question, l’émission qui contextualise les débats d’actualité. "Ensauvagement de la société", "Été Orange mécanique", "ultraviolence des jeunes", ces expressions entendues ces dernières années dans le débat politique renvoient à une France qui serait de plus en plus violente. Alors, est-ce vrai, vivons-nous dans une société de plus en plus dangereuse ?

Journalistes : Antoine Etcheto et Léna Thobie-Gorce
Images : Benjamin Danan
Édition : Maxime Hector
Directeur de la rédaction : Serge Faubert

SOURCES :

Enquête Ce qui préoccupe les Français, IPSOS, Septembre 2024

Enquête Fractures françaises, Fondation Jean Jaurès, 2023

Insécurité et délinquance : bilan statistique, SMSSI, 2023

Evolution des atteintes aux personnes et aux biens, Centre d’observation de la société, 2023

Enquête de victimation Cadre de Vie et Sécurité, SMSSI et l’INSEE, 2021
L’enquête nationale a été complètement refondée en 2022 (modification des questions et du protocole). L’édition de 2022 ne fait donc pas de comparaison avec les années précédentes.

Enquête de victimation francilienne, Institut Paris Région, 2023

Homicides commis en France entre 2016 et 2021, SMSSI et l’INSEE, 2021

Taux d’homicides dans le monde, Statista, 2024

Taux d’homicides dans l’Histoire, France Culture, 2019

Comprendre la géographie du vote RN en 2024, Institut Terram, Jérôme Fouquet et Sylvain Manternach, 2024

Sentiment d’insécurité et vote, Fondation Jean Jaurès, Julien Noble et Antoine Jardin, 2022

Les incivilités et le sentiment d’insécurité, Millénaire 3, Sebastian Roché et Benjamin Lippens, 2021

Des peines de prisons de plus en plus sévères, Le Monde, 2021

Une inflation carcérale, Ministère de la Justice, 2024

00:00 Intro et générique
01:11 La France a peur
03:12 Ce que nous disent les chiffres
04:57 Les enquêtes de victimation
07:19 Les homicides
09:51 Est-ce que la France d'avant était plus sûre ?
11:24 La préoccupation sécuritaire en politique
16:32 Les incivilités du quotidien
17:42 Le discours médiatique ambiant
19:12 Le problème de la police, c'est la justice ?
21:18 Les chiffres de la justice
22:30 La police de proximité
25:26 Changer de doctrine
26:56 Le cas de Grenoble
30:13 Le talon d'Achille des politiques de gauche
30:49 Conclusion
32:28 Soutenez Pure Politique !

#Sécurité #France #Justice
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Комментарии
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Merci Léna et Antoine pour ce sujet, je vais me permettre d'apporter un petit témoignage de vieux (moi, en l'occurrence) Courage, ça va être long ; comme toutes les vieilles personnes, raconter ma vie, c'est ma passion : J'ai vécu jusqu'à mes quinze ans dans un vieux quartier parisien situé derrière la Gare de Lyon, l'ilot Chalon, quartier populaire ouvrier où vivaient de nombreux travailleurs originaires du Maghreb (c'était avant le vote du regroupement familial, qui avait été voté non pour des raisons humanistes, mais pour inciter les immigrés à rester en France parce que les industries françaises avaient besoin d'une main d'œuvre bon-marché ; puis vint le choc pétrolier, mais c'est une autre histoire).

À la fin des années 70, début des années 80 apparu le trafic de drogue et en particulier d'héroïne, et l'ilot Chalon, plus exactement les passages Raguinot et Brunoy, virent une foule de toxicomanes errer, se piquer en puisant l'eau nécessaire à la préparation de leur dose à même le caniveau, investir les toilettes des immeubles vétustes. La drogue était vendue par des sénégalais qui vivaient dans des immeubles abandonnés transformés en squat.

J'ai gardé le souvenir de toxicomanes hurlant dans la rue, quelques fois des coups de feu, mais c'était assez rare, contrairement aux bagarres au couteau ou à mains nues, mais version bien sale, bien barbare ; il y avait des morts, overdose ou victimes d'agressions, des viols, très souvent, des gens ensanglantés qui titubaient. Il y avait régulièrement des descentes de police/CRS/Gendarmes mobiles. Le quartier a disparu en même temps que l'extension TGV de la gare de Lyon avait été construite. Toutefois, le trafic de drogue n'avait pas été éradiqué : toxicos et dealers se sont déplacés vers la place Stalingrad.

À la même époque, ce que l'on appelait les "grands ensembles", les villes nouvelles avec les barres d'immeubles construits pendant les années 60, faisaient parler d'eux à la rubrique faits-divers des journaux : untel avait tiré sur son voisin à cause du bruit, untel avait abattu un gamin qui jouait au foot sur la dalle avec ses copains parce que ça faisait du bruit, untel avait vidé son fusil de chasse sur ce qu'il avait cru être un cambrioleur et c'était sa fille/son fils qui rentrait de java en passant par le garage parce qu'il avait oublié ses clés ; une épicerie/bureau de poste/bar-tabac-pmu s'était fait braquer par un gang de loubards/gitans/truands... À Marseille, il y avait eu l'époque de Pépé et Mémé GUERINI avec son lot de règlements de comptes aussi spectaculaires et sanglants que maintenant. Il y avait aussi des "milices d'auto-défense" dans certaines banlieues, des riverains qui patrouillaient la nuit pour protéger leurs bagnoles des vols d'autoradios ou des cambriolages des pavillons.

Dans les années 70 on pouvait acheter un pistolet automatique dans le catalogue Manufrance, par correspondance ; au BHV, il y avait un rayon armurerie où se vendait des fusils de chasse, fusils à pompe en "vente libre". La législation sur les armes n'étaient pas la même que maintenant et, oui, la violence, les meurtres etc. étaient plus nombreux que maintenant, moins relayés sur les grands médias nationaux, mais engorgeant la rubrique des faits divers dans les journaux locaux ou la presse spécialisée (le nouveau détective, par exemple). Il y avait le grand banditisme comme Mesrine et le Nemesis du grand banditisme : la brigade anti-gang avec le commissaire Broussard. C'était l'époque de la création d'unité comme le GIGN en réponse aux attentats des JO de Munich, le temps de la RAF, des Brigades Rouges et d'Action Directe ainsi que des attentats de l'OLP et du Hamas/Hezbollah en France. Les violences en manifs étaient le fait de ce que l'on appelait les "autonomes", les ancêtres des black blocs. Les années 80, c'étaient les bagarres confuses entre Skinhead, Rebelles, Zoulous, Redskin etc. (avantage pour le quidam lambda : les bandes étaient visibles de loin).

La délinquance est différente de nos jours, beaucoup plus médiatisée, relayée en direct sur les réseaux sociaux avec des délinquants qui n'hésitent pas à s'afficher sur Facebook là où leurs aîné.e.s avaient beaucoup plus tendance à se faire discret. D'une police en vareuse et képi, nous sommes passés à une sorte de police militarisée. La Justice reste et demeure une justice de classe où les moyens mis en œuvre ne seront pas les mêmes suivant la caste à laquelle on appartient ; on reproche à la police d'aujourd'hui d'être grossière avec le quidam, c'était également le cas durant mon enfance/adolescence et les violences policières étaient trèèèèèès répandues pour ne pas dire courantes dans les commissariats. Autre temps, autres mœurs.

Oui, les années 70/80/90 étaient plus dangereuses que maintenant, et il suffit de remonter le temps pour constater qu'à la fin du 19ᵉ siècle, à Paris, à l'époque des "apaches", sur les Champs-Élysées, il valait mieux ne pas quitter les chemins éclairés sous peine de se faire égorger et dépouiller par les racailles de l'époque, très souvent "français de souche" comme l'on dit maintenant. Par le passé, les morts violentes étaient moins exceptionnelles qu'elles le sont maintenant, en Europe occidentale, ce qui les rendent encore plus insupportables.

Question, qui a eu le courage de lire ce pavé indigeste jusqu'au bout ?

NRVBrutArt
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Je suis d'accord pour le laxisme de la justice, quand on voit tous ces politiciens qui ont droit à un rappel à la loi, la reconnaissance de la prise illégale d'intérêt mais sans sanction, du sursis et rarement de la prison ferme commuée en bracelet électronique assigné à résidence alors que les paparazzi les photographient sur la plage sans bracelet ou dans les tribunes d'un match de foot en Allemagne... Un brin de fermeté ne nuirait pas

remymusique
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En 2003, Sarkozy notre gentil président dit stop à la police de proximité.
21 ans plus tard, toujours le cas, comme c'est étrange...
Les gouvernements ne veulent pas s'attarder aux vrais problèmes, ils veulent juste nous garder servile.
Comme me disait ma collègue: "comprendre c'est désobéir".

christophepeigney
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Dans les médias alternatifs dit de gauche je vous préfère largement, car Serge ou vous êtes plus "neutre", moins dans la propagande. Pour moi il y a des biais à se baser sur des chiffres du gouvernement, il ne faut pas être naïf ils sont manipulés dans un sens ou dans l'autre. Un point à ne pas négliger. Je ne sais pas si vous avez vécu ou grandi dans en cité, mais beaucoup vont se taire fasse à de nombreuses violences par crainte de représailles. Donc invisible dans les statistiques et comme ces zones ne font qu'augmenter ou s'élargir... En dehors de l'insécurité il y a problème bien plus important c'est l'éducation un sujet concernant ce point de votre part serait intéressant.

spolcyc
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Enfin une vision nuancée et intelligente sur le sujet de l'insécurité, grand merci pour ce travail d'utilité publique

louissch
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J'ai peur
De l'état policier
De la dérégulation sociale qui nous ramène au servage
De la destruction du seul écosystème qui à notre connaissance est apte à héberger la vie

remymusique
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Comme toujours vous nous gratifiez d'une excellente émission. Un épisode qui tombe pile poil au moment où Retailleau est pris en flagrant délit de tripatouillage informationnel sur les événements de Poitiers. Merci Serge et toute l'équipe de P.P

jean-lucbarthod
Автор

Malheureusement, les politiques qui évoquent régulièrement le sujet de l'insécurité sous le seul angle de la répression n'ont que faire des enquêtes sociologiques qui leur donnent tort. Mais vue l'ampleur de la propagande sur le sujet, c'est un travail d'utilité publique.

lemongrab
Автор

Le problème avec cette approche qui prône sans cesse la retenue, c'est qu'on risque de sous-estimer les effets cumulés de ces phénomènes qui se développent aujourd'hui (cartélisation du trafic avec la dz mafia par exemple, fragmentation sociale, explosion des inégalités, drogue dur comme le crack, immigration mal intégré, laissé à elle même et exploité, effondrement de la psychiatrie, etc.). En insistant trop sur la relativisation, on finit par passer à côté de la réalité que vivent certains, notamment dans les quartiers où la violence de proximité est bien présente. Et si l’idée est de "ne pas exagérer", cela devient contre-productif dès lors que ça empêche d'aborder de manière proactive des problèmes qui, même s'ils semblent encore "contenus", méritent toute notre attention.

mathieu
Автор

Excellent choix de sujet ! très bon dossier, merci.

sylvainphilibert
Автор

Ce qui est intriguant c'est que l'on soit madame Michu, jeune de banlieue, gilet jaune, délinquant multirécidiviste, membre du grand banditisme voir politique (les pires!) on observe depuis des années qu'on a pas droit à la même police ni à la même justice...

Vorpas
Автор

Ce format est d'utilité publique ! Merci Pure Politique !

vincents.
Автор

Simple, Factuel et humble.
Un vrai travail de journalisme factuelle.

Merci et continuez !!!!

I.Stravinsky
Автор

Merci beaucoup, très beau travail avec de la nuance, de la nuance et encore de la nuance ! Bravo😊

baptisteaubertel
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Bonsoir Serge ❤ et l'équipe .
En fait ! Tout nous préoccupe 😂

sarahsarazine
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Merci pour votre travail et portez vous bien aussi!😊

Franck-oo
Автор

On essaye de régler ou de punir les conséquences (crimes, délits, etc..) des gens condamnés et on ne s'intéresse beaucoup moins aux causes : inégalités, maltraitances, etc...
Les prisons sont des usines au conditionnement à la criminalité et à la radicalisation vous plongeant dans un engrenage dont il est très dure de sortir quand on en sort, avec très peu ou pas assez de programmes de réinsertions.
Je sais que le principe est de punir, mais à quel moment on s'imagine qu'en enfermant des tarés entre 4 murs h24 pendant des années ça va améliorer leur état mental??
Sans même parler du fait que dans une société ou l'on peut tranquillement gagner 20 fois le smic pendant que de plus en plus d'autres crèvent la dalle ou ont tout simplement du mal a boucler les fins de mois.
Qu'on explique qu'on va devoir se serrer la ceinture parce que notre gouvernement ne sait pas compter, tout en cumulant tout un tas de dépense excessives, apparentes et inutiles
Il ne faut pas s'étonner que les choses ne vont pas en s'arrangeant.

Quand à Bolloré et l'influence des milliardaires dans les médias et plus généralement la séparation des pouvoirs... Bon ba voila quoi.
Merci aux gouv successifs et surtout celui de Macron

karmakillerguillaume
Автор

Excellent travail bien documenté. Malheureusement ça suffira pas à convaincre certains…

AtomTls
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Merci Pure Politique, très bien documenté comme toujours.

mathildes
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Ça tombe à pic ! Je suis en train de la regarder et c’est trop bien !!! Merci beaucoup 👍

Olivier-gg