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Ja nus hons pris - Complainte de Richard Cœur de Lion
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🏳️ « Ja nus hons pris » est une complainte écrite par Richard Cœur de Lion lors de sa détention par Philippe Auguste, suite aux accusations de ce dernier de s'être fait insulter par le Comte d'Anjou et Roi d'Angleterre durant la troisième croisade.
Ce chant est écrit en occitan de base, mais il est ici écrit et interprété en langue d'oïl
🎶 Paroles :
Ja nuns hons pris ne dira sa raison
Adroitement, se dolantement non;
Mais par esfort puet il faire chançon.
Mout ai amis, mais povre sunt li don.
Honte i avront, se por ma reançon
Sui ça deus yvers pris.
Ce sevent bien mi home et mi baron,
Ynglois, Normanz, Poitevin et Gascon
Que je n'ai nul si povre compaignon
Que je lessaisse, por avoir, en prison.
Je nou di mie por nule retraçon,
Car encor sui pris.
Or sai je bien de voir, certeinnement
Que je ne pris ne ami ne parent,
Quant on me faut por or ne por argent.
Mout m'est de moi, mès plus m'est de ma gent ;
Qu'après ma mort avront reprochement,
Se longuement sui pris.
N'est pas mervoille si j'ai le cuer dolant,
Quant mes sires mest ma terre en torment.
S'il li membrast de nostre soirement
Que nos feïsmes andui communement,
Je sai de voir que ja trop longuement
Ne seroie ça pris.
Ce sevent bien Angevin et Torain,
Cil bacheler qui or sont riche et sain,
Qu'encombrez sui loing d'aus, en autre main.
Forment m'aidessent, mais il n'en oient grain.
De beles armes sont ore vuit et plain,
Por ce que je suis pris.
Mes compaignons que j'amoie et que j'ain,
Cés de Chaën et cés de Percherain :
Di lor, chançon, qu'il ne sunt pas certain.
C'onques vers aus ne oi faus cuer ne vain.
S'il me guerroient, il feront que vilain,
Tant con je serai pris.
Contesse suer, vostre pris soverain
Vos saut et gart cil a cui je m'en clain;
Et por ce suis je pris!
Je ne di mie a cele de Chartrain,
La mere Loëys.
Traduction :
Jamais nul homme pris ne dira sa pensée
De manière juste et sans fausse douleur ;
Mais il peut faire l’effort d’une chanson ;
J’ai beaucoup d’amis, mais pauvres sont leurs dons.
La honte sera sur eux si, faute de rançon,
Je reste deux hivers prisonnier.
Ils le savent bien, mes hommes et mes barons,
Anglais, Normands, Poitevins et Gascons :
Que jamais je n’eu si pauvre compagnon
Pour le laisser, faute d’argent, en prison.
Je ne le dis pas pour leur en faire reproche
Mais je suis encore prisonnier.
Maintenant, je sais pour vrai et certain
Que morts ou prisonniers n’ont amis ni parents,
Quand ils me laissent ici pour or ou pour argent
C’est bien mal pour moi, mais pire pour mes gens,
Qui jusqu’après ma mort en auront le reproche,
S’ils me laissent ici prisonnier
Je ne m’étonne plus si j’ai le cœur souffrant
Car mon seigneur* met ma terre en tourment
Il ne se souvient plus de notre serment
Que nous fîmes ensemble au Saint,
Mais je sais bien en vérité que guère longtemps
Je ne serai, en ces lieux, prisonnier
Ils savent bien Angevins et Tourangeaux,
Ces jeunes gens désormais riches et forts :
Que suis captif, loin d’eux, aux mains d’autrui.
Ils m’aimaient fort alors, ne m’aiment plus du tout.
Les belles armes ont déserté les plaines
Depuis que je suis prisonnier.
Mes compagnons que j’aimais et que j’aime,
Ceux de Caen et ceux du Perche,
Conte pour moi, chanson, qu’ils ne sont pas fidèles
Quand jamais envers eux, mon cœur ne fut faux ou vide.
S’ils guerroient contre moi, ils se portent en vilains
Tant que je serais prisonnier.
Sœur comtesse, votre titre souverain
Vous sauve et vous garde de celui à qui je fais appel
Et qui me tient prisonnier !
Je ne le dis pas pour celle de Chartres*,
Le mère de Louis.
#JaNusHonsPris #RichardCoeurDeLion
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