Peut-on vraiment quitter sa classe sociale ? | Les idées Larges | ARTE

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Dans cet épisode, Laura cherche à comprendre les trajectoires de celles et ceux qui
passent d’une classe sociale à l’autre. Comment interpréter ces parcours ? Est-ce
avant tout une histoire de volonté, de mérite ou d’ambition ? La mobilité sociale est-elle
nécessairement un progrès ? Pour décortiquer ces parcours, Laura fait appel à la
philosophe Chantal Jaquet. Professeure à la Sorbonne, spécialiste de Spinoza, Chantal
Jaquet a créé le concept de “transclasses” pour aborder les individus qui passent d’une
classe sociale à l’autre.

“Ça m’a permis, surtout, de remettre en cause un certain nombre de catégories, l’idée
de réussite, l’idée d’ascension,” explique Chantal Jacquet. “Le fait de changer de classe
sociale, ça n’est pas nécessairement quelque chose de systématiquement positif, si ce
changement s’accompagne d’une forme d’aliénation, c’est à dire si l’on épouse
aveuglément les valeurs du milieu dominant, si l’on contribue à maintenir la
reproduction pour les autres, je ne suis pas sûre qu’un tel parcours puisse être présenté
comme une véritable ascension.”

Avec également Olivier Galland, sociologue.

Les références citées dans l’épisode (dans leur ordre de citation) :
- Chantal Jaquet, Les transclasses ou la non-reproduction, Puf, 2014
- Jules Michelet, Le Peuple, introduction et notes de Paul Viallaneix, Flammarion, 1992.
- Stendhal, Le Rouge et le Noir, Gallimard, 1831
- Édouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule, Seuil, 2014
- Baruch Spinoza
- Annie Ernaux, La Place, Gallimard, 1983

Les idées larges
Disponible jusqu'au 04/04/2027



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Комментарии
Автор

Je fais parti des 3% de Bourdieu. Mon expérience c'est que la méritocratie n'existe pas. En venant d'un milieu modeste il faut fournir deux fois plus de travail, cravacher, et tout ça ne sert absolument à rien si tu n'as pas les codes. J'ai eu de la chance en faisant les bonnes rencontres au bon moment (bon ok la chance se provoque) mais j'ai vu tant d'imposteurs, de vrais nuls accéder aux meilleures places parce qu'on leur à appris depuis l'enfance que c'est celle qui leur appartient.

Pollux
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Merci de mettre des mots sur nos pensées. C'est très intéressant de voir des professionnels s'exprimer car on se rend compte qu'on partage souvent leur avis mais il est difficile pour un individu lambda de mettre des mots sur nos ressentis et nos idées.

floriangoncalves
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Le "Quand on peut on veut" me paraît tellement vrai et me saute au visage. Je ne sais pas comment je n'ai pas pu faire pour y penser plutôt alors que ça se reflète dans mon parcours.
Merci, cette vidéo m'a vraiment donné envie de me replonger dans la philosophie !

baptistedubuet
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Je suis réfugié cambodgien arrivé en France à l'age de 4 ans et grandi dans un quartier pauvre. Mes amis sont issues de la classe moyenne. J'ai fait mes premiers jobs à l'usine et au chantier avec un CAP/BEP Menuisier. A l'age de 25 ans j'en ai vraiment eu marre en me disant est-ce que je suis condamné à faire ce travail? J'ai repassé l'équivalent d'un bac, parti à la Fac pour étudier la géographie, la psychologie et la sociologie, et je suis ressorti à 30 ans avec un Master. J'ai eu la "chance" de trouver un travail d'ingénieur durant 2 ans loin de ma ville. Puis un jour j'ai du retourné chez moi, dans mon quartier pour m'occuper de ma mère. Je n'ai pas réussi à trouver du travail dans mon domaine et je suis retourné à l'usine. Mais l'école, le voyage sociale, et la volonté, la chance et la curiosité m'ont permis de'évoluer et de m'adapter plus facilement. Je suis toujours dans mon quartier mais j'ai pu obtenir un poste à évolution. Bourdieu m'a fait comprendre que il n'y avait que l'école pour évoluer si on partait dans la vie sans patrimoine. Merci Arte pour votre reportage.

sambathum
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Avec plus de 900 commentaires à ce jour, le mien pourrait bien n'être qu'une poussière mais je tiens à remercier Arte et ce travail de présentation. Tout à fait remarquable, révélateur et tellement intéressant de s'apercevoir que certains étudient ce sujets avec tant de sérieux. Voici un prisme bien utile à la lecture du phénomène. Un grand merci.

Christopher-kf
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J'aime beaucoup cette phrase " quand on peut on veut" c'est tellement vrai. Je me suis autorisée à rêver de plus que de reproduire le parcours de mon papa malien ouvrier, seulement parceque j'ai eu la "chance" de vivre dans un quartier de blanc aisé, avec des enseignants bienveillants, une belle vie de quartier et une association militante qui m'a donné de l'espoir, m'a aidé aux devoirs, et surtout qui m'a donné ma place d'enfant ... Sans cela je n'aurais peut-être jamais entrepris des études de droit. Il faut aussi souligné l'ouverture d'esprit de mon père qui a accepté que nous soyons accompagnés par une association chrétienne alors que nous sommes musulmans. Il a essuyé énormément de critiques. Quand on est très pauvres malheureusement on pense toujours au jour le jour ( que va t'on manger? est ce qu'on trouvera un logement décent? j'espère ne pas tomber sur un pervers aux douches publiques etc ..). Quand on est pauvres on côtoie souvent que des gens pauvres. En vivant parmi des personnes riches, j'ai pu apprendre les codes de ce milieu, suivre leur exemple et surtout me rendre compte d'un monde de possibles. Je suis consciente que sans cet environnement favorable, je serai aujourd'hui certainement ouvrière.... tout le monde n'a pas cette chance

sfatou
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Mon dieu mais Arte comment faites-vous pour être aussi qualitatifs ? tout est parfait

enzoarmaniable
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Très intéressant. Je retiens surtout la citation de Michelet : "Le plus difficile n'est pas de monter mais en montant de rester soi". Combien voit-on d'exemples de réussites trans-sociales où l'intéressé a manifestement "perdu son âme", et adhère sans honte à la mentalité cynique de la classe à laquelle il a accédé. Je retiens aussi le merveilleux pouvoir "trans-classant" de l'amour. Enfin, avec l'exemple significatif de Julien Sorel, on aurait pu mettre en parallèle celui de Bel-Ami entre autres, ou celui de Rastignac, ce déclassé qui reconquiert un rang au prix d'une sorte de déshumanisation ...

berluc
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C'est un magnifique documentaire, il y aura toujours des classes dans la société, c'est vrai que parfois pour réussir, les rencontres sont importantes, elles influencent nos choix. Tout le monde n'arrive pas au sommet, je partage le fait qu'il faut penser à ceux qui sont en bas. Toujours d'actualité en 2023.

marcusportrait
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Enfant, ma mère me répétait sans cesse « Dans la vie, tu n’auras pas toujours ce que tu veux. ». Elle le disait tellement, que j’ai fini par croire que je ne pourrais rien avoir.
Puis j’ai fait la rencontre d’un enseignant à l’université qui m’a fait croire en les possibilités de la vie. Cet homme, qui était un aventurier dans le cœur m’a permis de croire à ma propre liberté.
Aujourd’hui, je voyage, je me paye diverses activités. Je n’oublie pas d’où je viens, mais j’ai appris à me détacher de mon milieu social d’origine pour ne pas être ramenée aux barrières psychologiques que j’ai eues pendant si longtemps et qui m’empêchaient même de dépenser l’argent que je gagnais.
Internet s’est aussi révélé être une ressource inépuisable pour accéder à la culture et à l’information. J’ai pu, avec des efforts, réussir des concours qui m’ont permis d’accéder à de nouvelles opportunités pour enfin vivre et non survivre.
Quitter sa classe sociale demande de belles rencontres, des efforts sans cesse renouvelés et de l’ouverture d’esprit.

labrouillonne
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Merci Arte pour cette vidéo. Je ne suis pas une transclasse, plutôt issue d'un milieu social privilégié (même si dans ce milieu, je suis parfois entravée par le racisme systémique rencontré), mais mon conjoint l'est et je vous remercie d'avoir mis les mots sur une situation parfois difficilement compréhensible. Je n'ai jamais cru à la méritocratie mais j'ai sans doute parfois minimisé les défis auxquels il devait faire face pour sortir de ce milieu social (nous sommes encore en études). J'ai honte de me dire que je n'ai sans doute pas toujours été le meilleur des soutiens, mais je m'éduquerai suffisamment pour le devenir.

senelucie
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C’est une très bonne émission, je me suis retrouvée dans ce concept de “transclasses”. Mon père étant chauffeur routier et ma mère nourrice, j’ai pris une voie différente de la leur jusqu’à être diplômée en bac+5 dans une grande école de commerce. Cependant je dois dire qu’un sujet n’a pas été abordé et c’est bien dommage. “Quand on peut on veut”, c’est vrai. Mais qu’entendons-nous du “peut”? Pouvoir c’est se permettre et sans les sacrifices de mes parents jamais je n’aurai pu me permettre de telles études. J’ai du “éduquer” mes parents dès mes 15ans afin d’espérer rentrer dans une école qui m’ouvrirai de grandes portes. Quand je parle “d’éduquer mes parents” c’est les convaincre de m’envoyer vers un monde dont ils n’ont aucune connaissance, de me payer des frais d’études qui équivaux à une année de salaire à deux. Se retrouver dans cette position à 15ans alors que l’on ne sait pas non plus ce dont on est capable pour les 8 années à venir c’est prendre des risques très tôt et s’engager envers ces parents. C’est pour moi ce qui a été le plus dur à assumer durant toutes ces années, prouver ce dont on est capable à sa famille. On ne part pas du même pied que les intellectuels oui, mais c’est bien plus que cela.

aliciacanet
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De mon côté, c'est internet qui m'a permis de changer de classe (économique), ni l'amour, ni des amis, ni un rejet de ma famille. J'avais accès au monde depuis ma chambre, des films, des livres, des jeux, des infos qui m'ont permis de voir que le monde ne se limitait pas à mon entourage et leurs mœurs. Je me suis construit sur le réseau et ça n'a été un choc pour personne que je me lance dans de hautes études. Les problèmes sont venus après. Ma famille est assez religieuse et je ne suis plus croyant donc forcément ça bloque avec certaines personnes. Les convictions et les origines de mes amis sont particulièrement variées et je m'adapte assez bien à leurs familles respectives, ils viennent de partout géographiquement et socialement. L'adaptabilité, la fluidité, le mouvement voilà ce à quoi internet m'a introduit et je m'efforce de développer ces valeurs avec plus ou moins de succès ^^

Du coup je me demande quel rôle peuvent avoir internet et les dispositifs numériques. Est-ce que ça a encore du sens de parler de transclasse à l'ère du numérique ?

Genesis
Автор

Elle a raison de dire “Quand on peut, on veut” car il faut bien connaître d’autres modèles pour réussir. Issu d’un schème familial chaotique et dysfonctionnel où l’intelligence est souvent un “problème” dans le cas de conflit familiaux, ca n’aide pas d’être bien avec soi-même et en évoluer sur sa propre voie. Quand toi tu t’intéresses des choses, à des ambitions ou à des relations sociaux dont ta famille ne côtoie pas ou ne s’intéresse pas, tu es incompris et découragé. Ça touche tellement à ton estime de soi, qu’au final tu dois te construire seul. Et ça c’est dure.

melissaztr
Автор

Super interessant. Un homme libre n’a ni honte ni orgueil. J’ai adoré cette phrase.

lebrunclement
Автор

"Quand on veut, on peut" est selon moi une injonction de réussite qui se détermine principalement par la simple volonté de celui à qui est asséné ce dicton. En remettant les mots dans le bon ordre, cette expression devient alors l'exception qui confirme la règle. La citation de Michelet "Le plus difficile n'est pas de monter mais en montant de rester soi" me semble au coeur de la vie de beaucoup de gens. Cependant pour ma part c'est la citation "Quand on peut, on veut" qui me touche particulièrement. Elle remet les choses à leurs places.

lorannelefebvre
Автор

Je suis parfaitement d'accord avec la conclusion : que faire de celles et ceux qui ont fourni de véritables efforts mais n'ont pas été récompensés ??

alexconatus
Автор

Très intéressant. Sujet connexe : l'obsession avec la "montée" dès que l'on parle de classe sociale. La plupart des trans-classes d'aujourd'hui et de demain vont l'être dans le DECLASSEMENT. Soit la perte des acquis pour la classe moyenne (logement, transport, santé, éducation). Pour la plupart, c'est de la descente qu'il va falloir s'inquiéter.

mmd
Автор

Bravo pour la qualité et la diversité de vos reportages. C'est un sujet qui m'a intéressé très fortement et de voir que des sociologues ou écrivain partagent des idées dans lesquelles je me retrouve. J'ai souvent pensé que les classes sociales sont comme des castes auxquelles nous sommes prédestinés, même si beaucoup de facteurs entrent en jeu. Pour moi les exceptions sont bien là pour prouver que la règle, c'est de rester dans le milieu d'où l'on vient. La pensée positive ou les lois de l'attraction sont des miettes de pains que l'on donne aux masses pour leur donner de l'espoir et les maintenir sagement dans leurs milieux.

gustoferara
Автор

"Quand on peut, on veut". Entièrement d'accord. En tant que minorité visible qui a grandit en France, c'était très difficile de croire que nous pouvions être avocat, médecin... faire de la télé ou du théâtre puisque que j'en voyais quasiment jamais. J'avais l'impression que nous étions destinés qu'à faire de l'athlétisme, du foot ou être rappeur.
Je ne dis pas que ce n'est pas possible mais l'ascension sociale est plus difficile en tant que minorité visible venant d'un milieu défavorisé. Si vos parents avaient quitté l'Algérie ou le Mali en tant que médecins, votre destin en France n'aurait pas été le même.
Oui, la non-ascension sociale n'est pas juste un problème de couleur de peau ou d'absence de modèles. Si c'était le cas, il n'y aurait pas de français d'origines européennes dans les milieux défavorisés. Ces parents-là n'ont simplement pas les moyens pour payer des cours du soir à leur enfant en difficulté scolaire par exemple. Par contre, aucun employeur ou recruteur ne doutera de leur francité, de leur appartenance à la République française.
Oui, l'ascension sociale demande de la détermination mais malheureusement pour beaucoup d'entre nous, la discrimination est plus forte que notre détermination. Non seulement la discrimination de la couleur de la peau, mais aussi celle du nom et de l'adresse. Combien de recruteurs ou d'employeurs sont prêts à ignorer tous ces éléments et se focaliser sur les compétences du candidat ? Je trouve ça étrange de devoir mettre sa photo sur mon CV: en quoi mon apparence va determiner mes compétences ?

alpha