Les Amours, Livre I, Élégie III (Ma prière est juste...), Ovide

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Les Amours, Livre I, Élégie III (Ma prière est juste...), Ovide
Lecture par Daniel Mesguich

ÉLÉGIE III.

Ma prière est juste : que la jeune beauté qui vient de m’asservir, ou continue de m’aimer ou fasse que je l’aime toujours. Hélas ! c’est trop exiger encore ; qu’elle souffre seulement que je l’aime, et Vénus aura exaucé tous mes vœux. Souris, ô ma maîtresse, à l’amant qui jure d’être à jamais ton esclave ! Reçois les serments de celui qui sait aimer avec une inviolable fidélité. Si, pour me recommander à toi, je n’ai point à invoquer les grands noms d’une illustre famille ; si le premier de mes aïeux n’était qu’un simple chevalier ; si, pour labourer mes champs, je n’ai pas besoin d’innombrables charrues ; si mon père et ma mère sont forcés de vivre avec une sage économie ; que j’aie du moins pour répondants et Phébus et les neuf Sœurs, et le dieu qui inventa la vigne, et l’Amour qui te livre mon être, et ma fidélité que nulle autre ne me fera trahir, et mes mœurs innocentes, et mon cœur simple et sans détours, et la pudeur qui colore souvent mon front. Mille beautés ne me plaisent point à la fois, je ne suis pas inconstant en amour ; toi seule, tu peux m’en croire, tu seras à jamais mes seules amours ; ces années que me filent les trois Sœurs, puissé-je les passer à tes côtés ; puissé-je mourir avant que tu te plaignes de moi !

Sois l’objet heureux qui inspire mes chants, et mes vers couleront dignes de leur sujet. C’est la poésie qui a rendu célèbres et la nymphe Io, épouvantée de ses cornes naissantes, et Léda, que séduisit Jupiter sous la forme d’un cygne, et Europe qui traversa la mer sur le dos d’un taureau mensonger, tenant, de ses mains virginales, les cornes de son ravisseur. Nous aussi, nous serons chantés dans tout l’univers, et à ton nom sera toujours uni le mien.

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