Indonésie, une démocratie en danger? | Géopolitis

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Alors que le nouveau président indonésien multiplie les échanges diplomatiques et salue l’entrée de son pays dans les BRICS, les menaces sur la démocratie se feraient croissantes au sein de l’immense archipel.

Invité : Jean-Luc Maurer, spécialiste de l’Indonésie, professeur honoraire à l’IHEID
Présentation : Laurent Huguenin-Elie

Au sommaire:
00:00 Indonésie, dérive autoritaire?
02:16 Indonésie, un nouveau président pour une nouvelle diplomatie?
06:04 Jean-Luc Maurer: "L’Indonésie est la troisième plus grande démocratie du monde"
12:20 L’Indonésie, premier producteur de nickel, veut développer son industrie de batteries électriques
15:03 Jean-Luc Maurer: "L’Indonésie est très courtisée à cause de toutes ses richesses naturelles"
18:44 Nusantara, la future capitale indonésienne construite en pleine forêt
21:15 Jean-Luc Maurer: "En 2050, Jakarta sera probablement largement sous les eaux"

L’Indonésie est le quatrième pays le plus peuplé de la planète, avec près de 280 millions d’habitants. C'est la première économie d'Asie du Sud-Est, premier pays producteur de nickel, troisième pays producteur de charbon. Le nouveau président, Prabowo Subianto, cherche à renforcer la position de son pays sur la scène internationale. 

C'est un immense archipel de plus de 17'000 îles, situé au cœur de l’espace indopacifique, dans un axe stratégique majeur entre l’Asie et l’Océanie. L'Indonésie est le seul pays d'Asie du Sud-Est qui soit membre du G20, et depuis peu des Brics. "C'est le plus méconnu des grands pays du monde", estime Jean-Luc Maurer, professeur honoraire au Graduate Institute de Genève. "Avec 280 millions d'habitants, il est le quatrième pays du monde derrière l'Inde, la Chine et les Etats-Unis. C'est la troisième plus grande démocratie du monde derrière l'Inde et les Etats-Unis. Et même si la démocratie s'est un peu affaiblie ces derniers temps, elle se porte finalement moins mal que les deux grandes sœurs précitées. C'est le plus grand pays musulman du monde, avec 82% d'une population qui adhère à l'islam", énumère ce spécialiste de l'Indonésie.

Elu au premier tour avec 58,6% des voix, le nouveau président indonésien, Prabowo Subianto multiplie les visites diplomatiques. Il s'est déjà rendu en Chine, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni. Mi-janvier, lors d'une rencontre avec le premier ministre japonais, Prabowo Subianto confirmait sa volonté de s'inscrire dans la politique historique de non-alignement de son pays: "Nous souhaitons entretenir de bonnes relations avec tous les pays du monde, avec tous les blocs économiques, où nous pouvons renforcer les liens, afin de contribuer à créer les conditions susceptibles d'apaiser les tensions."

Le nouveau président se montre plus actif sur la scène internationale que son prédécesseur, Joko Widodo. "Je pense que son projet, c'est de faire que l'Indonésie boxe dans sa catégorie. Parce que jusqu'à présent, ce pays immense boxe en dessous de sa catégorie. Il est peu connu sur la scène internationale. Donc l'idée, c'est d'arriver à continuer à ménager la chèvre et le chou - c'est-à-dire la chèvre chinoise et le chou américain, puisqu'il est pris entre ces deux-là - mais d'avoir un rôle plus actif", relève Jean-Luc Maurer.

- Menaces sur la démocratie?

Prabowo Subianto a aussi de grandes ambitions aux niveaux économique et social, comme son programme de fourniture de repas gratuits pour plus de 80 millions d’enfants et de femmes enceintes, afin de lutter contre la malnutrition. Il veut aussi que son pays atteigne 8% de croissance annuelle, "un objectif très très difficile" selon Jean-Luc Maurer, même si l'Indonésie a pu compter sur une croissance d'environ 5% depuis une vingtaine d'années.

Mais le profil du nouveau président inquiète: "Il doit son élection très largement à une utilisation extrêmement intelligente et efficace des réseaux sociaux, sur lesquels il a réussi à se faire passer pour un bon grand-père qui aime les chats et qui est très pacifique, alors qu'évidemment il a un passé très lourd", précise Jean-Luc Maurer. "C'est un militaire, il a fait toute sa carrière dans l'armée. Il a été un certain moment à la tête des para-commandos, les troupes de choc de l'armée indonésienne, notamment au moment de l'invasion du Timor oriental en 1975, où il a commis des exactions qui relèvent de crimes de guerre, voire de crimes contre l'humanité. Cela n'a jamais été véritablement prouvé. Il s'en est toujours bien évidemment défendu."

Prabowo Subianto a gravi les échelons militaires sous la dictature du général Suharto, dont il était un proche, son gendre pendant plusieurs années. Après la chute de Suharto en 1998, il avait quitté l’Indonésie avant de revenir quelques années plus tard et de se lancer en politique.

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