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La Mekke n'existait pas au 7e siècle ?

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"La Mecque n'existait pas au 7e siècle, il n'y en aucune trace, ni archéologique ni historique". Je reprends cette affirmation péremptoire d'un intervenant qui commentait l'une de mes dernières vidéos. Si La Mekke n'existait pas comme l'assure cet intervenant, alors, bien sûr, logiquement, les Mekkois n'ont pas existé non plus !
Le problème c'est que des hommes affirment avec constance être d'ascendance mekkoise dans les conflits qui les opposent pendant les deux premiers siècles de l'islam. Ils le font en vertu de ce qui constituait l'un des fondements de leur société. Je veux parler des généalogies tribales.
Le premier empire d'extraction arabe, celui des Omeyyades (661 -750) n'a pas eu d'historiographes qui puissent confirmer leur ascendance. Par contre, ceux qui les renversent en 750, les Abbasides, se donnent rapidement des chroniqueurs qui attestent de la localisation de leur ascendance d'origine. Ceux qui leur contestent le pouvoir le font de la même façon. On est là dans un conflit de légitimité où ne se pose jamais à la face des tribus la question d'une falsification de généalogie et encore moins de substitution d'un habitat premier.
Certes, il est indéniable que la tradition musulmane qui commence à se construire après 750 et qui se développe considérablement au début du 9e siècle cherche à se donner un passé glorieux. Il n'y a guère de doute que le rôle et l'importance de la cité d'origine ont été très largement surévalués. On accorde à La Mekke une aura qui aurait rayonné au loin et en aurait fait quasiment le pôle d'attraction de toute l'Arabie.
On ne pouvait en attendre moins de ce qui, dans l'imaginaire collectif, est devenu la ville sacrée d'origine du prophète adulé d'une nouvelle religion. Cette reconstruction mythifiante doit être analysée et décryptée comme répondant à des enjeux d'adhésion et de croyance de son époque. C'est la tâche des historiens qui travaillent avec les matériaux qu'ils ont.
Certes, concernant la première période, les matériaux à disposition ne sont pas de facture classique. Le site mekkois ne fournit aucun vestige archéologique en dehors de la présence sur place du bâti de la Ka'ba. Celle-ci ne ressemble en rien à un "temple". Par contre sa fonctionnalité bétylique remontant à un rite pluvial archaïque reste encore parfaitement identifiable.
Pour comprendre cela il faut simplement apprendre à travailler avec une approche adéquate. J'ai déjà dit que, sur un terrain de cette nature, les méthodes pertinentes sont celles de l'anthropologie historique. En effet, elle permet de combiner étude de terrain géographique et sociétal et étude textuelle et linguistique. Il s'agit ici à la fois du Coran et des sources postérieures dont on peut facilement et par contraste détecter les anachronismes. Concernant La Mekke, il faut donc simplement se donner les moyens de "lire un paysage". C'est ainsi que se construit la vraisemblance d'une situation du passé.
Je me prévaux sans forfanterie d'avoir montré dans mes différents livres et ici de façon simplifiée dans les vidéos et textes publiés, que les matériaux dont nous disposons répondent de façon claire à des enjeux de mentalité et de société qui entrent en parfaite concordance avec le terrain de l'Arabie occidentale et avec la cité de La Mekke, aussi bien qu'avec celle de Yathrib Médine.
Mais évidemment si on s'abstient de travailler sur ces matériaux existants en ignorant le terrain arabique dans sa matérialité sociale et sa réalité visuelle, on peut se livrer à n'importe quelle extrapolation et tomber dans les élucubrations les plus échevelées et les plus délirantes.
C'est le cas de ceux que j'appelle les externalistes dont certains affirment que La Mekke n'existait pas au début du 7e siècle. Dans leur cas, aussi savants soient certains d'entre eux, l'idéologie a pris le pas sur la bonne pratique de l'histoire. A leur corps défendant, ils ne sont plus que la face inverse des salafistes musulmans d'aujourd'hui.
On ignore trop souvent que le savoir peut tourner à vide et se pervertir en se donnant des objets et des terrains imaginaires. Or on a déjà maintes fois expérimenté dans l'histoire que perdre le sens du réel pour privilégier une idéologie peut conduire à des catastrophes.
Le problème c'est que des hommes affirment avec constance être d'ascendance mekkoise dans les conflits qui les opposent pendant les deux premiers siècles de l'islam. Ils le font en vertu de ce qui constituait l'un des fondements de leur société. Je veux parler des généalogies tribales.
Le premier empire d'extraction arabe, celui des Omeyyades (661 -750) n'a pas eu d'historiographes qui puissent confirmer leur ascendance. Par contre, ceux qui les renversent en 750, les Abbasides, se donnent rapidement des chroniqueurs qui attestent de la localisation de leur ascendance d'origine. Ceux qui leur contestent le pouvoir le font de la même façon. On est là dans un conflit de légitimité où ne se pose jamais à la face des tribus la question d'une falsification de généalogie et encore moins de substitution d'un habitat premier.
Certes, il est indéniable que la tradition musulmane qui commence à se construire après 750 et qui se développe considérablement au début du 9e siècle cherche à se donner un passé glorieux. Il n'y a guère de doute que le rôle et l'importance de la cité d'origine ont été très largement surévalués. On accorde à La Mekke une aura qui aurait rayonné au loin et en aurait fait quasiment le pôle d'attraction de toute l'Arabie.
On ne pouvait en attendre moins de ce qui, dans l'imaginaire collectif, est devenu la ville sacrée d'origine du prophète adulé d'une nouvelle religion. Cette reconstruction mythifiante doit être analysée et décryptée comme répondant à des enjeux d'adhésion et de croyance de son époque. C'est la tâche des historiens qui travaillent avec les matériaux qu'ils ont.
Certes, concernant la première période, les matériaux à disposition ne sont pas de facture classique. Le site mekkois ne fournit aucun vestige archéologique en dehors de la présence sur place du bâti de la Ka'ba. Celle-ci ne ressemble en rien à un "temple". Par contre sa fonctionnalité bétylique remontant à un rite pluvial archaïque reste encore parfaitement identifiable.
Pour comprendre cela il faut simplement apprendre à travailler avec une approche adéquate. J'ai déjà dit que, sur un terrain de cette nature, les méthodes pertinentes sont celles de l'anthropologie historique. En effet, elle permet de combiner étude de terrain géographique et sociétal et étude textuelle et linguistique. Il s'agit ici à la fois du Coran et des sources postérieures dont on peut facilement et par contraste détecter les anachronismes. Concernant La Mekke, il faut donc simplement se donner les moyens de "lire un paysage". C'est ainsi que se construit la vraisemblance d'une situation du passé.
Je me prévaux sans forfanterie d'avoir montré dans mes différents livres et ici de façon simplifiée dans les vidéos et textes publiés, que les matériaux dont nous disposons répondent de façon claire à des enjeux de mentalité et de société qui entrent en parfaite concordance avec le terrain de l'Arabie occidentale et avec la cité de La Mekke, aussi bien qu'avec celle de Yathrib Médine.
Mais évidemment si on s'abstient de travailler sur ces matériaux existants en ignorant le terrain arabique dans sa matérialité sociale et sa réalité visuelle, on peut se livrer à n'importe quelle extrapolation et tomber dans les élucubrations les plus échevelées et les plus délirantes.
C'est le cas de ceux que j'appelle les externalistes dont certains affirment que La Mekke n'existait pas au début du 7e siècle. Dans leur cas, aussi savants soient certains d'entre eux, l'idéologie a pris le pas sur la bonne pratique de l'histoire. A leur corps défendant, ils ne sont plus que la face inverse des salafistes musulmans d'aujourd'hui.
On ignore trop souvent que le savoir peut tourner à vide et se pervertir en se donnant des objets et des terrains imaginaires. Or on a déjà maintes fois expérimenté dans l'histoire que perdre le sens du réel pour privilégier une idéologie peut conduire à des catastrophes.
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