RENÉ DESCARTES (1596-1650) et la révolution cartésienne – Une vie, une œuvre [1988]

Par Christine Goémé et Claude Guerre.
Émission diffusée sur France Culture le 25.02.1988.
-------------------------------------------------------------------------------
Intervenants :
- Jean-Robert Armangate.
- Pierre Guenancia.
- Pierre-François Moreau.
------------------------------------------------------------------------------
René Descartes fut à la fois le témoin, l'acteur et le penseur de la naissance de la science moderne. Rompant avec le savoir scolastique, il provoque une mutation radicale des façons de penser. Les plus grands esprits de son temps (Hobbes par exemple) durent se situer par rapport à cet événement nouveau. Quant aux réalités et aux discours, Descartes en modifiera le sens : Dieu change avec lui de visage. L'histoire elle-même, Fontenelle le montrera, deviendra cartésienne, et Chomsky, de nos jours, peut enraciner la plus moderne linguistique dans les géniales propositions du discours de la méthode.
Enfin, Descartes nous offre peut-être une manière de liberté politique qui a survécu à son temps.

[maximejagot]

Dommage que la discussion soit entrecoupé de "musique" désagréable et au volume trop fort.

[JeannotAkwelekwa-djny]

Descartes : un philosophe pour la vie. Celui qui a commencé les choses dès le commencement.

[patricelauverjon]

A l'époque de Descartes, l'agriculture était prédominante et la technologie était présente, mais à ses débuts : les paysans regardaient le ciel en priant pour avoir de la pluie. Les liens familiaux étaient forts avec un rôle prépondérant du père : cela a conduit à une approche réaliste de la Religion avec un père dans le ciel. Le monde d'aujourd'hui pense moins au ciel et les familles se sont désintégrées, la technologie et la science ont envahi le monde physiquement et mentalement. Ce principe latéral en associant Philosophie et histoire est primordial. En tenant compte de la croissance, il est alors juste de remplacer le père par l'autodétermination et le ciel par l'Univers ! C'est effrayant pour beaucoup, c'est pourquoi les sciences humaines sont si loin derrière la technologie et la guerre toujours basée sur un instinct territorial arriéré.

[MohamedSHbib]

Thank you for the material, but the music is too loud compared to the voice of the lecturer.

[JeanPierreAussant]

Dommage la musique, c'est insupportable.

[patricelauverjon]

Il est impossible de dire que s'il y avait eu une forte volonté de négocier alors que la guerre froide semblait terminée, au lieu de continuer à considérer le matériel de guerre comme une protection contre la Russie, la paix aurait été recherchée. On ne peut pas dire si la nostalgie du passé de l'URSS n'aurait pas pu se transformer en une Europe plus coopérative. Poutine peut justifier sa frustration par une dégradation occidentale générale de la Russie Russie Russie : ce qui est certain, c'est que le monde est revenu à une conception des affaires internationales de la Seconde Guerre mondiale et qu'une croissance d'une Philosophies naturelle!

[bouchralk]

j avoue que je suis stoïcisme mais d abord ce quoi stoïciens je veux dire cartésien voilà à mon avis Descartes reste un grand penseur philosophe contemporain

[Oscar]

Descartes a tenté de démontrer l'existence de Dieu, mais en mettant pour la première fois en relief 
la notion de sujet percevant le monde,  
il a ouvert une boîte de Pandore (salutaire) d'où allait logiquement jaillir l'idéalisme métaphysique: 
le monde était auparavant considéré comme réalité indépendante d'une perception et d'une conscience; 
peu à peu, le problème ontologique 
d'un monde qui est relations entre sujet percevant et connaissant d'une part, objet perçu et connu de l'autre,  
apparaîtra, à partir de ce germe fécond, avec une évidence et une netteté toujours plus grandes;
cette problématique du sujet, du "moi" ( au sens le plus général du terme, qui, plus tard,  
ne renverra plus nécessairement à une "substance",  reproche adressé à Descartes par Husserl, et avant lui 
déjà par Kant dans une certaine mesure...), et elle deviendra définitivement incontournable ... 

Ce que toutefois elle ne sera pas encore chez un Spinoza par exemple, malgré ses propres apports 
à la pensée philosophique: 
Spinoza restera encore dans une vision "substantialiste" de l'Etre, même si la scission ontologique 
entre matière (immanente) et esprit (transcendant) disparaît dans sa doctrine,  
et il semble peu intéressé par les problèmes spécifiques que soulève la notion de "première personne", de "sujet".

On chercherait par ailleurs en vain cette vision à la première personne dans la notion du cosmos,  
appelé "Création" par les religions,  que partageaient peu ou prou tous les philosophes de l'Antiquité 
grecque et romaine,  puis du Moyen Age de la scolastique. 
Les Grecs les premiers, comme Schrödinger par exemple l'a souligné dans "La Nature et les Grecs,  
ou la clôture de la représentation",  ont opéré très vite cette "clôture", par opposition aux conceptions mythiques 
voire mystiques surtout orientales: attitude indispensable à l'efficacité de la connaissance scientifique,  
qui doit exclure par sa méthode même la subjectivité, et considérer le réel de l'extérieur; 

avant même que les limites d'une telle démarche ne fussent rendues tangibles par les découvertes 
de la physique quantique et par l'impasse du réductionnisme physicalisme en neurosciences,  
Husserl avait déjà souligné cette "incomplétude", notamment dans "La crise des sciences européennes 
et la phénoménologie transcendantale".
De sorte que par une étrange ironie de l'Histoire, c'est précisément ce dualisme cartésien ontologique 
de deux "substances" supposées radicalement distinctes, l'esprit (ou l'âme dans le vocabulaire religieux) 
et la matière, que son auteur voulait établir, et où beaucoup de 
penseurs voient, et souvent critiquent, aujourd'hui, l'essence erronée du cartésianisme, que la démarche 
initiale du doute et du Cogito rendra finalement intenable...

Une fois de plus, il me semble qu'on a là, avec Descartes, un exemple d'intuition première féconde 
d'un philosophe novateur,  qui ne gagne rien, bien au contraire, aux ajouts et diverses explicitations 
et conséquences, aux développements dont lui-même voudra parfois l'"enrichir" ou du moins le préciser.; 

et ce seront d'autres, plus tard, dans une optique différente, qui en feront fructifier les aspects 
véritablement "révolutionnaires",  si tant est que ce terme puisse être justifié en parlant de l'évolution 
des pensées philosophiques au cours des siècles...

[florence]

Pierre François Moreau tient des propos intelligents mais hélas, il articule mal