Voyage, voyage — Mélancolie délirante, syndrome de Cotard

MELANCOLIE DELIRANTE, SYNDROME DE COTARD, SOUFFRANCE — S’il est possible de mettre certains éléments du réel sur la table commune pour en discuter, il y en a d’autres qui ne se partagent pas. Quand une personne se retrouve entièrement plongée dans une réalité qui lui est propre et qui ne peut être partagée avec autrui, on parle de délire. Etymologiquement, le délire renvoie à l’idée d’une sorte de piste, d’un déraillement.

Sortir des sentiers battus de la réalité peut mener à un long voyage, loin des siens, et loin de soi. Sur les conseils d’un ami, notre invitée a décidé de faire le récit de ce voyage, en collectant autant d’informations qu’elle le pouvait auprès de son entourage. En effet, comment garder la trace d’une expérience aussi intense quand on n’en a quasiment plus aucun souvenir si ce n’est la douleur ?

Je reçois aujourd’hui Anne Révah, professeure de pédopsychiatrie et auteure. Pendant de nombreuses années, elle a cru comprendre la souffrance de ses patients, jusqu’au jour où elle a été happée dans le tourbillon de douleur physique et psychique de la mélancolie délirante. C’est alors qu’elle a pris conscience que, non, elle n’avait pas compris. Cette souffrance est indicible. Elle la touche du doigt dans son roman autobiographique L’intime étrangère.

[mat]

Je suis médecin généraliste et j’ai fait également une mélancolie délirante en 2021, j’ai eu le traitement adapté et je suis sorti d’affaire.
Je comprends tout à fait ce que vous dites, la douleur morale est indescriptible et les idées suicidaires envahissantes avec une lutte de chaque instant pour ne pas passer à l’acte.
Merci pour votre témoignage.
Personnellement je dis que j’ai été gravement malade avec plusieurs hospitalisations que j’ai failli mourir mais seuls les amis et la famille proche connaît le diagnostic. Aux autres (s’il demandent et c’est rare) je réponds que c’est personnel et que je suis rétabli.
Personne ne peux comprendre cette souffrance s’il n’est pas passé par là.

[catherinebaggio]

Merci pour ce témoignage rare, exceptionnel, qui donne à saisir le sidérant vertige de cette soignante précipitée patiente...

[cilianijina]

Merci pour ce témoignage poignant. Mon fils, étiqueté bipolaire il y a vingt ans, a fait trois épisodes maniaques accompagnés de forte dépression. Le vide a été pratiquement immédiat autour de lui. En dehors de nous il n’a personne… et nous ne sommes pas éternels. Ça me fait peur, car notre fille, sa sœur, sera, je le crains, trop peu présente pour lui. La stigmatisation est un phénomène cruel.

[anastasiacruzel]

Merci pour ce magnifique témoignage entre problématique de vie pro et perso c’est une démonstration sincère merci à vous place des sciences et à cette pédopsychiatre humble et dotée d’un grand professionnalisme de part cette humilité justement dans l’éducation spécialisée nous manquons de ces modèles le contre transfert culturel étudié dans les lectures et formations m’a fait avancé pour mieux accompagner sans m’y perdre.