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Norbert Zongo : Thomas Sankara m’avait proposé un portefeuille ministériel
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Nous vous proposons ici l'audio d'une conférence durant laquelle l'émérite journaliste d’investigation burkinabè Norbert Zongo parle de ses relations avec le Président Thomas Sankara et la confiance que ce dernier avait placée en lui en l’invitant à rejoindre son gouvernement comme ministre quelques mois après l’avènement de la Révolution du 4 août 1983.
Je faisais une confidence que Sankara m’a faite…En fait il faut que j’explique comment on s’est connu avec Sankara. J’étais instituteur à Barsalogho et je vivais avec un Konaté Alassane qui est un ami d’enfance de Sankara. Et quand Sankara quittait Antananarivo, il venait nous voir et c’est lui qui faisait la cuisine puisque les vacances universitaires finissaient avant les vacances de l’école primaire. Donc quand il venait chez Konaté, c’est lui [Thomas Sankara] qui faisait la cuisine. Konaté et moi on vivait ensemble.
Donc c’est comme ça que j’ai connu Thomas Sankara. Et en 1984, Sankara m’a fait venir du Cameroun pour me dire qu’il y avait eu la Révolution et il me proposait de venir occuper un portefeuille ministériel.
On avait débattu, lui et moi, et je lui avais dit comment cette Révolution allait se terminer…Paix à son âme, je lui avais dit ceci: « Bon! Toi, je te connais. Je ne doute pas de ta sincérité. Mais je sais que les autres ne sont pas venus pour gérer un pouvoir. Ils ne sont pas venus pour faire une révolution comme tu l’entends. »
En fait la révolution, c’est Thomas Sankara qui l’a proclamée après; mais les autres sont venus pour autre chose. Donc je dis à Sankara: « mais, tu vois, les autres-là vont t’écarter. Ils vont t’écarter. Je sais, à cause de ta rigueur et tout ça, tu vas empêcher certains de manger. Tu vas les empêcher de manger. Et pour cela, tu vas mourir. »
Donc j’ai expliqué cela à Sankara et je lui ai dit que moi je ne reste pas parce que ça ne m’intéresse, et je vais partir. Bon, je résume nos discussions comme ça…!
Et c’est quand je suis rentré en 1987, on est allé à Abuja. Et au retour…c’est là que Houphouët a dit à Sankara que c’est son dernier sommet! Ça a été dit devant nous. On revenait d’Abuja…On rentrait au pays quand Sankara a fait bouger tout le monde derrière l’avion et il m’a appelé pour me raconter effectivement que tout ce que je lui avait dit, c’est tout ce qui est en train d’arriver.
En tout cas ce qu’il m’a laissé entendre c’est que, bon, ses jours étaient comptés. On était en juillet 1987. Donc c’est ce jour qu’il m’a raconté comment on l’avait induit en erreur, comment les choses se passent au sein du CNR et qu’on s’apprête à mettre tout ça sur sa tête et que lui par conséquent il a entrepris de reprendre tous les enseignants qui avaient été dégagés.
Est ce que c’est vrai, est ce que c’est faux? [En tout cas], il me l’a dit.
Maintenant je sais que à sa mort, c’est le Front Populaire qui a pris les mesures.… mais il y a des écrits à l’heure actuelle tendant à démontrer que effectivement Thomas Sankara avait pris des mesures pour reprendre les enseignants, et ces mesures n’avaient pas été publiées.
Mais toujours est il qu’en fin de compte, c’est pas lui qui les a prises, ces mesures.
Crédits Images & Remerciements : Sams'K Le Jah ; Archives Burkina ; Mémorial Thomas Sankara.
Je faisais une confidence que Sankara m’a faite…En fait il faut que j’explique comment on s’est connu avec Sankara. J’étais instituteur à Barsalogho et je vivais avec un Konaté Alassane qui est un ami d’enfance de Sankara. Et quand Sankara quittait Antananarivo, il venait nous voir et c’est lui qui faisait la cuisine puisque les vacances universitaires finissaient avant les vacances de l’école primaire. Donc quand il venait chez Konaté, c’est lui [Thomas Sankara] qui faisait la cuisine. Konaté et moi on vivait ensemble.
Donc c’est comme ça que j’ai connu Thomas Sankara. Et en 1984, Sankara m’a fait venir du Cameroun pour me dire qu’il y avait eu la Révolution et il me proposait de venir occuper un portefeuille ministériel.
On avait débattu, lui et moi, et je lui avais dit comment cette Révolution allait se terminer…Paix à son âme, je lui avais dit ceci: « Bon! Toi, je te connais. Je ne doute pas de ta sincérité. Mais je sais que les autres ne sont pas venus pour gérer un pouvoir. Ils ne sont pas venus pour faire une révolution comme tu l’entends. »
En fait la révolution, c’est Thomas Sankara qui l’a proclamée après; mais les autres sont venus pour autre chose. Donc je dis à Sankara: « mais, tu vois, les autres-là vont t’écarter. Ils vont t’écarter. Je sais, à cause de ta rigueur et tout ça, tu vas empêcher certains de manger. Tu vas les empêcher de manger. Et pour cela, tu vas mourir. »
Donc j’ai expliqué cela à Sankara et je lui ai dit que moi je ne reste pas parce que ça ne m’intéresse, et je vais partir. Bon, je résume nos discussions comme ça…!
Et c’est quand je suis rentré en 1987, on est allé à Abuja. Et au retour…c’est là que Houphouët a dit à Sankara que c’est son dernier sommet! Ça a été dit devant nous. On revenait d’Abuja…On rentrait au pays quand Sankara a fait bouger tout le monde derrière l’avion et il m’a appelé pour me raconter effectivement que tout ce que je lui avait dit, c’est tout ce qui est en train d’arriver.
En tout cas ce qu’il m’a laissé entendre c’est que, bon, ses jours étaient comptés. On était en juillet 1987. Donc c’est ce jour qu’il m’a raconté comment on l’avait induit en erreur, comment les choses se passent au sein du CNR et qu’on s’apprête à mettre tout ça sur sa tête et que lui par conséquent il a entrepris de reprendre tous les enseignants qui avaient été dégagés.
Est ce que c’est vrai, est ce que c’est faux? [En tout cas], il me l’a dit.
Maintenant je sais que à sa mort, c’est le Front Populaire qui a pris les mesures.… mais il y a des écrits à l’heure actuelle tendant à démontrer que effectivement Thomas Sankara avait pris des mesures pour reprendre les enseignants, et ces mesures n’avaient pas été publiées.
Mais toujours est il qu’en fin de compte, c’est pas lui qui les a prises, ces mesures.
Crédits Images & Remerciements : Sams'K Le Jah ; Archives Burkina ; Mémorial Thomas Sankara.
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