TU DOIS ! — l'impératif catégorique selon Kant | Grain de philo #31

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Autres titres possibles : "J'universalise la maxime de mon action pendant 30 jours (ça tourne bien)" - "Tuto déonto : comment fonder la morale rationnellement ?"

Bref, on va parler de la morale de Kant.

Voilà !

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Et pour ceux qui veulent s'y frotter, voici le passage des "Fondements de la métaphysique des moeurs" qui aboutit à la formulation de l'impératif catégorique ; la vidéo pourrait vous aider à y voir un peu plus clair dans ce texte touffu...

« Or, si une action accomplie par devoir doit exclure complètement l’influence de l’inclination et avec elle tout objet de la volonté, il ne reste rien pour la volonté qui puisse la déterminer, si ce n’est objectivement la loi, et subjectivement un pur respect pour cette loi pratique, par suite la maxime* d’obéir à cette loi, même au préjudice de toutes mes inclinations.



Ainsi la valeur morale de l’action ne réside pas dans l’effet qu’on en attend, ni non plus dans quelque principe de l’action qui a besoin d’emprunter son mobile à cet effet attendu. Car tous ces effets (contentement de son état, et même contribution au bonheur d’autrui) pourraient être aussi bien produits par d’autres causes ; il n’était donc pas besoin pour cela de la volonté d’un être raisonnable. Et cependant, c’est dans cette volonté seule que le souverain bien, le bien inconditionné, peut se rencontrer. C’est pourquoi se représenter la loi en elle-même, ce qui à coup sûr n’a lieu que dans un être raisonnable, et faire de cette représentation, non de l’effet attendu, le principe déterminant de la volonté, cela seul peut constituer ce bien si excellent que nous qualifions de moral, présent déjà dans la personne même qui agit selon cette idée, mais qu’il n’y a pas lieu d’attendre seulement de l’effet de son action.

Mais quelle peut donc être cette loi dont la représentation, sans même avoir égard à l’effet qu’on en attend, doit déterminer la volonté pour que celle-ci puisse être appelée bonne absolument et sans restriction ? Puisque j’ai dépossédé la volonté de toutes les impulsions qui pourraient être suscitées en elle par l’idée des résultats dus à l’observation de quelque loi, il ne reste plus que la conformité universelle des actions à la loi en général, qui doit seule lui servir de principe ; en d’autres termes, je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle. Ici donc c’est la simple conformité à la loi en général (sans prendre pour base quelque loi déterminée pour certaines actions) qui sert de principe à la volonté. »

Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Delbos, Livre de poche, 1993., p.67-69

* [Note de Kant] : « On entend par maxime le principe subjectif du vouloir. » [Kant précisera ailleurs : « La règle que l’agent se fait à lui-même, en prenant pour principe certains motifs subjectifs, s’appelle sa maxime. » Doctrine du droit, trad. Barni, Introduction, IV.]

MonsieurPhi
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Excellent! La morale kantienne depuis son formalisme en une quinzaine de minute, d'une rare clarté. J'aime beaucoup la manière qu'il a de fonder son raisonnement sur l'autonomie de la volonté pour fonder la possibilité de l’existence de la loi morale. Du genre : si tu admets rationnellement que tu est possiblement libre, la loi morale existe, donc tu dois suivre la loi morale en te posant toi même un impératif.

henripantoustier
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I wanted to put a philosophical joke, but I just Kant...

Cyber_Kriss
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Une analyse philosophique sur un animé ou un manga, ce serait ouf comme concept, pitié fais cette vidéo 🙏

ilyesboubakri
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Merci pour la vidéo :)

1) La propriété et la confiance sont des exemples particuliers d'institutions qui ne sont maintenues que si suffisamment de personnes y adhèrent.
Je comprend du coup l'immoralité de faire passager clandestin, mais c'est quelque part supposer de la valeur de ces institutions, que ce soit implicitement un bien de préserver la propriété ou la confiance.
Par exemple, pour qui veut abolir la propriété, une règle poussant à ignorer qu'une choses soit possédée ou non serait perçue par du vol pour ceux qui veulent préserver la/leur propriété, alors que la règle serait universalisable.
La destruction de la propriété ne serait pas une contradiction, juste que le concept vidé de son soutien serait aussi vidé d'existence.

2) Le raisonnement me rappelle vraiment le dilemme du prisonnier, et du coup le lien avec la règle d'or paraît irrésistible parce que les solutions morales ne seraient que les solutions où chacun fait comme l'autre.
Mais par contre je ne comprends pas comment le raisonnement permet de montrer qu'il n'y a qu'une seule règle de conduite possible. Ou même qu'il en existe une, soit dit en passant ;)

apeiron-logos
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J'émets comme d'autres l'hypothèse suivante (mais comme tu le dis très bien, Kant est extrêmement difficile à appliquer aux cas particuliers) : un kantien communiste pourrait sans doute accepter le vol dans la mesure où l'universalisation de la maxime du voleur mène à l'abolition de la propriété. On pourrait certes dire que le concept même de vol suppose que mon action est une exception dans le cadre d'un respect général de la propriété, et est donc auto-contradictoire ; mais le "voleur" pourrait se considérer autrement et formuler autrement sa maxime en en excluant le concept de vol, par exemple en disant "ma règle de conduite est d'utiliser momentanément tout objet physiquement accessible dont j'ai besoin".

Par ailleurs, tu expliques bien que ce n'est pas en tant qu'être visant une fin sensible particulière que je dois me soumettre à la loi morale, mais en tant qu'être rationnel. La question est donc la suivante : pourquoi devrais-je agir comme un être rationnel et non comme un être sensible ? Je pourrais très bien me contenter d'agir comme un gros con soumis à mes inclinations sensibles, non ? Formulée autrement, la question est de savoir quelle est la force contraignante de la loi morale.
Il y a chez Kant, me semble-t-il, une ambiguïté avec la catégorie de la nécessité. Dans le champ du phénomène, de la nature, la nécessité implique que l'effet ne peut pas ne pas découler de la cause. Mais dans le champ moral, l'impératif catégorique n'est pas catégorique au sens où on ne peut pas lui échapper (sinon on serait inévitablement déterminé à agir moralement, ce qui 1° n'est pas le cas et 2° supprimerait la notion de liberté humaine). En quel sens correspond-il donc à la notion de nécessité ? Il me semble que Schopenhauer formule une critique de ce genre dans Le Fondement de la morale.

Il y a une autre question que je me pose sur Kant, qui dépasse un peu le cadre de cette vidéo mais reste liée au sujet. C'est la conciliation de la liberté humaine avec le déterminisme. Tu connais très certainement la fameuse citation dans laquelle Kant affirme que si on avait une connaissance parfaite de toutes les circonstances, on pourrait prévoir l'action d'un homme avec exactitude (et même sa vie entière). La question est donc de savoir comment un être dont les moindres actions sont intégralement prévisibles peut en même temps être dit libre. La solution de Kant est la distinction entre le caractère intelligible et le caractère empirique, entre l'homme comme chose en soi et l'homme comme phénomène. L'idée est que je suis libre comme chose en soi mais déterminé comme phénomène. En tant que chose en soi, c'est-à-dire en tant que petit fantôme bizarre situé en dehors du temps, de l'espace et des relations catégorielles (j'utilise cette image en sachant qu'elle est évidemment très incorrecte philosophiquement), je suis libre. Mais il n'en demeure pas moins, me semble-t-il, qu'en tant que phénomène, je suis intégralement déterminé. Il faut ajouter que Kant associe la rationalité avec le fait d'être une chose en soi (je n'ai d'ailleurs jamais bien compris pourquoi), et la détermination sensible avec le fait d'être un phénomène. Ceci étant posé, quand je me demande si je dois ou non tuer cette mamie pour lui voler son sac à main, je ne vois pas tellement en quoi je devrais me dire qu'étant libre et rationnel comme chose en soi, je dois agir suivant cette liberté métaphysique et donc suivant la loi morale ; en effet, de toute façon j'agirai suivant le déterminisme naturel qui pèse sur moi en tant que phénomène. Autrement dit, je ne vois pas tellement en quoi une propriété de la chose en soi (la liberté) devrait ou pourrait intervenir au niveau du phénomène (en en brisant le déterminisme).

Bref, j'ai bien conscience que ce dernier paragraphe est un peu hardcore, je résume rapidement mes interrogations sur la morale kantienne et ces questions sur des points hautement métaphysiques et obscurs sont difficiles à formuler, surtout que je ne me suis pas replongé dans ces sordides affaires kantiennes depuis quelques temps. Mais j'espère qu'un lecteur de Kant étant passé par les mêmes difficultés saisira ce que j'ai ici exprimé rapidement et confusément.

radinocenant
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En fait je n’avais jamais vraiment compris l’impératif catégorique de Kant, je croyais qu’il s’agissait de faire passer ce "test d’universalisation" aux actions. Alors que la notion de "pouvoir vouloir" universaliser est plus complexe, d’ailleurs je crois que je ne comprends pas encore vraiment. ^^

Merci pour cette vidéo en tout cas.
Vivement celle sur Aristote ! 😀

Nygaut
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Vidéo d'autant plus remarquable que le sujet n'est vraiment pas facile : il suppose de la nuance et une manière de réfléchir (a priori) qui n'est pas très ordinaire. Faire comprendre ça sur internet, c'est vraiment pas évident. Bravo !!

cleanthelafargue
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Merci§ J'ai beau être prof de philo... mais c'est encore plus clair qu'avec des commentateurs réputés. J'apprécie encore plus la rationalité de l'impératif. Bravo!

erichantute
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Un jour j'ai fait remarquer à un c… (pardon) à une personne qui ne respectait pas la file d'attente ; qu'à cause de lui on allait tous devoir attendre encore plus. Sa réponse : "Bah... t'as qu'à faire comme moi."
Du coup si vous constatez bientôt que les files d'attente sont plus larges que longues, vous saurez pourquoi.

bhromur
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Bonjour Monsieur Phi,


Je tiens tout d'abord à vous remercier de cette excellente vidéo, présentée de manière humble et dont le ton et l'attitude vis-à-vis de Kant est aux antipodes des deux vidéos précédentes. Je tiens aussi à vous remercier de votre interprétation logique de la notion de devoir que vous faites, analyse très intéressante d'ailleurs!

j'ai tout de même une réflexion qui m'est venue en ce qui concerne l'exemple du nazi qu'on oppose souvent au kantianisme dans le but de montrer l'une de ses faiblesses. L'impératif catégorique est, certes, très abstrait, ne nous permettant pas de savoir quel est exactement notre devoir dans une situation donnée. Mais, ce côté abstrait a aussi, selon moi, un aspect positif, dans le sens où il nous permet de construire pas mal de devoirs moraux dérivés à partir de l'impératif catégorique. Si l'on reprend l'exemple du nazi, il me semble qu'on se focalise exclusivement sur un seul devoir, à savoir celui de ne pas mentir, sachant qu'à partir de cet impératif catégorique nous pourrions dériver d'autres devoirs comme celui de protéger un innocent. Ainsi, le kantien qui a ouvert la porte au nazi se retrouverait dans une situation où il y a deux devoirs dérivés de l'impératif catégorique qui sont, au premier abord, en conflit : protéger un innocent vs ne pas mentir. De même, nous pourrions dériver un autre devoir de cet impératif catégorique : celui de protéger sa famille. De fait, le kantien ne se retrouverait pas exclusivement face à un seul devoir à respecter, mais plusieurs, quoiqu'il soit livré à lui-même en ce qui concerne le devoir moral à appliquer dans cette situation.


De plus, peut-être que "protéger un innocent" peut être universalisé selon la méthode que vous expliquez dans votre vidéo. "Ne pas protéger un innocent", si on universalisait cette règle, impliquerait l'impossibilité logique du concept même de justice.






Bien à vous!

jean-philippevuilliomenet
Автор

Superbe bonne idéo, je viens de comprendre des semaines de cours en 15 minutes !

Lerefugetropical
Автор

4:00 l'impératif hypothétique ne te dit ❌ ce que tu dois faire (pas en vue de qlqchose)
==> C'est une prescription technique

* Kant a une morale complètement déontologique

5:30 conséquentialisme de la règle ⚠️ différent de la déontologie de Kant
==> 8:17 agir par devoir implique les autres et 8:39 donc ce qui est contraire au devoir c'est agir en sachant que (donc c'est un lien avec la règle d'Or)

* Agir par devoir == seulement si cette maxime peut être appliquée à tt le monde

10:00 il faut passer à nos actions un test d'universalisation ( *et si tout le monde faisait comme toi ?* )

11:18 ❗

aureliaanais
Автор

à tous ceux qui ont eu une petite pensée pour cette personne qui à mis un pouce rouge....seul x) (le dernier militant anti-Kant se mobilise contre tant de remise en question car...Franchement Mr Phi, c'était mieux avant! Quand Kant passais pour un c** en parlant masturabt...Enfin, disons jouissance solitaire consentis pour ne pas faire démonétiser se commentaire ^^ ! Bref, trêve de prétéritions, tu as créée ma chaine youtube préférée : La diction est casi parfaite, le montage dynamique, l'humour maitrisé, le jeux d'acteur est appréciable et le contenue complète à merveille les précédents (petit bémol pour les sources de cette vidéo, moins foisonnantes qu'à l'accoutumé).

En somme:bonne continuation et merci d’apporter un tel soin à ton œuvre !

douadikrim
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Je poste ce commentaire après avoir votre interview sur la chaîne Le Mock.
Ce sera juste un bref remerciement . J'ai connu votre chaîne (et celle de Politikon) lors de mon avant-dernière année secondaire.
Et maintenant me voilà en 2ème année de Bac en philosophie.
Donc merci :)

arthurnijssen
Автор

C'est cool d'avoir ce regard retrospectif sur l'impact des précédents épisodes et de pouvoir les corriger

alfreddumarais
Автор

La première fois que j'ai entendu parlé du devoir de Kant j'avais pensé que "par devoir" voulait dire faire ce qui est juste et "conformément au devoir" volait dire faire ce que la société attends de toi. Par exemple si une personne vient en aide à quelqu'un dans le besoin parce que ses parents lui ont toujours appris à être gentils avec les autres et qu'il agit parce que papa et maman l'ont éduqué ainsi, il agirait conformément au devoir. Alors que si la même personne viendrait en aide à celui dans le besoin par simple empathie, sans raison sociétal ou éducatif, il l'aide parce que c'est lui et qu'il raisonne comme ça, il agirait par devoir. J'ai eu l'impression en regardant ta vidéo que "Tu dois, parce que tu dois" signifierait "Tu dois, parce que la société" se qui reviendrait à agir conformément au devoir

beyonborder
Автор

J'aimais déjà Kant grâce aux dernières vidéos, mais là je l'adore maintenant

hartbook
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Bien expliqué, avec les limites du kantisme aussi. Ce qui serait bien, c'est de la même manière que tu as fait des videos sur des utilitaristes d'aujourd'hui, ce serait des présentations de déontologistes actuels, qui ont sans doute réfléchi aux objections faites contre Kant et comment améliorer son système.

ulrich
Автор

Sympa que tu fasses une vidéo pour changer l'image qu'on pu avoir les gens de Kant à travers tes deux dernières vidéos, car il faut comprendre que c'était la mentalité de l'époque, comme il est normal pour nous de manger de la viande, peut-être que dans quelques années notre descendance nous prendrons pour des gros tarés inhumains !

sta.mnesic
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